Maltraitance infantile : une réalité aux multiples visages
Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la maltraitance concerne « toutes les formes de mauvais traitements physiques et/ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence ou de traitement négligent, ou d’exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé des enfants, sa survie, son développement ou sa dignité dans le contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir« 1.
La maltraitance infantile peut se dérouler dans le cadre familial mais également dans l’entourage social plus large : à l’école, dans une association, en colonie de vacances… C’est une réalité aux multiples visages, qui peut être faite de manière intentionnelle ou involontaire. Un parent épuisé, isolé, exaspéré par les pleurs de son bébé peut ainsi le secouer pour que cela cesse, sans penser aux conséquences de ses actes.
Une maltraitance parfois précoce : la maltraitance prénatale
La maltraitance infantile peut débuter très tôt, avant même la naissance de l’enfant. Certaines femmes sont tellement blessées et psychologiquement mal, qu’elles ne réalisent pas qu’elles se font du mal en buvant de l’alcool, en fumant, et consommant des drogues et par conséquent en font à l’enfant. C’est de la maltraitance prénatale »
La maltraitance peut également se manifester juste après l’accouchement et elle vient avec le lien d’attachement qui n’est pas sécure, mais peut être insécure, ou ambivalent, ou anxieux, ou encore évitant. La conséquence est que le lien parent-enfant ne se fait pas comme il devrait et le nouveau-né est mal accueilli dès sa naissance. Il peut faire l’objet de critiques sur son physique, son genre, ou les mots utilisées : « Comme il est moche !« , « Oh, non. Je ne voulais pas d’une fille, ou le langage qui est utilisé est menaçant, et ou méchant avec le nouveau né« …
Pour beaucoup de parents, avoir un enfant est un bouleversement, parfois plus ou moins facile à gérer. « Avant les femmes restaient 4-5 jours à l’hôpital. Désormais, beaucoup repartent au bout de deux jours chez elles. Elles ne sont pas entourées pendant la chute hormonale alors que c’est pendant cette phase qu’elles ont le plus besoin d’aide liés à tous les chamboulements qu’elles vivent.
La violence comme manière d’éduquer :
S’il est si difficile de déterminer à partir de quand commence la maltraitance infantile, c’est parce que certains de ses aspects sont perçus dans beaucoup de familles comme un moyen d’éduquer. Elle fait partie de la violence éducative ordinaire. « Pour certains parents, l’éducation se fait à base de coups car ils pensent que c’est comme ça qu’il faut faire. Eux-mêmes en ont reçu et n’en sont « pas morts ». Au bout d’un moment, ces coups ne font « même pas mal » comme disent les enfants. Alors, on tape de plus en plus fort mais les problèmes éducatifs demeurent. Car ce n’est pas un mode d’éducation« . ce type d’education laisse des traces, et genere des traumas chez l’enfant, et des comportements de destruction, et de haine, de culpabilité.
Violence psychologique et négligence :
« De toute façon, tu n’y arriveras jamais« , « Ce n’est pas possible d’être aussi bête !« , « Que tu es maladroite« , « Tu es vraiment trop gros« , « Le fils du voisin est beaucoup plus agréable que toi« , « Mais qu’est-ce qu’on va faire de toi ?« … Les critiques sur le comportement de l’enfant, son apparence, ses compétences sont parfois répétées plusieurs fois par jour et s’imprègnent dans son cerveau comme une réalité.
« Comment peut-il alors s’aimer, s’accepter, découvrir et développer ses qualités personnelles, celles justement que sa mère lui dénie ? Ce rejet est une violence absolue puisqu’il consiste à nier à l’enfant le droit d’exister comme il est » écrivait la psychologue clinicienne Maryse Vaillant dans son ouvrage « Quand les violences vous touchent » (éditions De la Martinière jeunesse) en reprenant l’exemple de Poil de Carotte dénigré par sa mère pour sa couleur de cheveux.
La violence psychologique se manifeste aussi lorsque les parents épient leurs ados dans leurs moindres faits et gestes, lisent leur courrier, écoutent leurs conversations, les empêchent de voir leurs amis. Parfois, cette violence sournoise passe par de l’indifférence ; les parents critiquent l’enfant en sa présence en faisant comme s’il n’était pas là.
Les négligences, elles, se caractérisent par un manque d’attention volontaire envers l’enfant. On ne pourvoit pas à ses besoins primaires :
- On ne le nourrit pas toujours ;
- On ne lui donne pas ses médicaments ;
- On ne lui lave pas les dents ;
- On ne le lave pas…
- On ne lui donne pas d’affection
- On lui porte pas d’interet
- On ne lui fait jamais de compliment
- il vit la parentification
Des répercussions sur les enfants
Les violences psychologiques, bien qu’invisibles, laissent également des traces sur l’enfant. Elles affectent et parfois même détruisent son estime de soi, la confiance qu’il peut s’accorder. L’enfant grandit avec l’impression que les autres sont meilleurs que lui. Il est dévalorisé.I l apprend à se débrouiller seul et finit par ne pas s’aimer. Il sera incapable de poser ses besoins, et dire ce qu’il ressent.
Avec le temps, lorsqu’il formera des projets, il redoutera de passer à l’action, persuadé d’échouer. « Beaucoup de relations familiales sont ainsi fondées sur le silence ou sur le rapport de force, les vexations continuelles ou le mépris. La souffrance qu’éprouve l’enfant est alors une réelle violence parce qu’elle l’écrase sous le poids de l’incompréhension. Faute de trouver sa place au sein de la famille et envahi par la confusion, il se détruit lui-même. L’enfant ne peut alors ni réagir ni organiser ses pensées. Il lui est impossible d’exister, tout simplement » expliquait Maryse Vaillant dans son livre.
Les négligences engendrent également des répercussions sur l’enfant. « Elles reviennent à dire que l’on ne reconnait pas son enfant en tant qu’être humain« . Ainsi, il ne semble pas digne qu’on lui prête de l’attention, que l’on prenne soin de lui. En occultant ses besoins, on lui retire la possibilité d’en avoir, d’exister. Il ne se sent pas aimé par les siens et ne bénéficie pas d’un attachement sécure. Difficile dans ces conditions de s’aimer et de se penser digne d’intérêt.
Quant aux abus sexuels, autre forme de violence sévère, ont souvent lieu dans l’environnement proche de l’enfant, ce qui est d’autant plus difficile à vivre et à surmonter.
La maltraitance peut altérer, parfois à vie, la santé physique et mentale des victimes. Les répercussions vont différer selon chacun, en fonction notamment :
- De la durée des maltraitances ;
- De l’âge de l’enfant ;
- De la manière dont les sévices vont être reconnus et pris en charge ;
- Et des relations positives que développera l’enfant avec d’autres personnes.
Les cas de maltraitance se repèrent face à une accumulation de symptômes. L’enfant se replie sur lui, n’a pas de copains, a des troubles du sommeil, de l’appétit, manque d’attention, est en retard dans les apprentissages, se met en péril…
Pour s’en sortir, ou en tout cas commencer votre chemin de guérison, il est nécessaire de se faire accompagner par une thérapeute qui aidera à mettre des mots sur les maux, qui pourra aussi vous aider à travailler sur les traumas si il y en a, ou encore, vous aider à travailler sur votre estime de soi et confiance, poser le pardon, faire le deuil de cette étape de vie., accepter cette partie de vie. Le chemin de guérison est plus au moins long en fonction de ce que vous avez vécu dans votre vie.